galerie les Chantiers Boite Noire

Pierre Joseph

Atlas

Christian Besson, Préface Atlas

« Penser, c'est dessiner ». a pu dire Joseph Beuys. Élargie ainsi à tout geste de désignation se cristallisant dans une trace, la pratique du dessin échappe aux catégorisations partielles qui désignent trop souvent implicitement le dessin scientifique comme un art mineur alors même qu’il possède toutes ses lettres de noblesse. (C'est en 1542 que le médecin bavarois Leonhart Fuchs, qui exerça et enseigna à Ingolstadt et à Tübingen, présida à l'apparition de ce type de dessin en botanique en publiant à Bâle le De Historia stirpium. Encore en 1928, dans certaines écoles, selon l'idéal d'un Léonard de Vinci ou, en Finlande, des frères von Wright, on estimait qu'il n'était pas souhaitable de distinguer dessin artistique et dessin scientifique. On s'exerçait donc aussi, en atelier, à dessiner minéraux, végétaux, squelettes...)
Le dessin d'observation scientifique, en tant que moyen de communication, de visualisation des concepts (cf. Observer pour comprendre les sciences de la vie et de la terre, de Jack Guichard, Hachette, 1998) est certainement un outil très spécifique. Il se déploie selon deux axes, le dessin aux instruments et le croquis à main levée, et obéit à des règles précises. Il requiert une maîtrise effective des méthodes (tracé, développements, projections, perspectives, parallèles, etc.) et la manipulation correcte des instruments (té, règle, équerre, compas, pistolet, etc.). Il suppose un ensemble d’aptitudes déterminées : clarté d’expression, capacité de réaliser des croquis explicatifs à main levée, vision dans l’espace, représentation des volumes et lecture de leurs représentations. Il entretient enfin des liens avec d’autres domaines du savoir (dessin artistique, histoire de l’art, mathématiques, géométrie, travaux manuels et textiles, géographie, sciences naturelles…)

Christian Besson, 2004