galerie les Chantiers Boite Noire

Lucien Pelen

Oui, que change t-il ?

Lucien Pelen, Janvier 2010

 

Oui, que change-t-il ? 

Alors le format peut-être et cette petite Marie-Louise à l'aspect précieux et datant de l'an Pèbre, 

et le cadre, de même en revanche toujours frotté par mes soins à la cire à des heures tardives pour leur donner l'aspect rutilant d'un tir de batterie. 

Enfin, le thème, la mort, l'absence, le retour, l'abstraction, l'attraction, Ô Pré-Bouzié du bon vieux temps, le Pré-Bouzié du Pré à la Bouse

il est là toujours vaillant, tantôt mort tantôt vivant comme il se cite lui même avec 

ironie, vérifiant le poid du monde, la rotation de ses terres, creusant la mine de ses ancêtres, ou espérant l'eau couler sur les rails, art mineur dit-il et pourquoi pas remonter la pépite du centre de la terre? 

Il est mort à la messe un dimanche, et alors? 

La mort, cette mort exigüe qui nous entoure, c'est là que Pré-Bouzié est né, c'est là qu'il reste et restera. 

Je descend à la cave pour chercher un melon, je mets le melon sous mon bras, remonte l'escalier, et puis sur là terrasse pose le melon sur le muret : de quel côté est la queue ? 

De quel côté est cette foutue queue ? Qu'importe nous en foute, car elle est toujours du bon côté, celle que le hasard a choisi. Pour nous questionner dans le débile.  

Il est un fait : la photographie. Un autre : Pré-Bouzié existe vraiment. Encore un autre : il crée des scénettes en carton. Et encore encore un autre : parfois il peint le carton  

en noir, à l'acrylique.  

Tout ça pour donner un peu de force à l'illusion, pour s'illusionner lui-même quand il sort de sa voiture et va se baigner dans la boue en décembre, pour avoir froid au pied, 

froid au dos, froid à la tête, pour rentrer chez lui et se dire aujourd'hui j'ai existé, j'ai existé dans mes rêves.

Pré-Bouzié pense à la mort parce que la mort c'est l'art  

et l'art c'est la mort. C'est ce qu'on lui a dit. Si c'est pas ce qu'on lui a dit c'est ce qu'il a compris et si c'est pas ce qu'il a compris c'est tout simplement ce qu'il ressent en lui. 

Mourir pour l'art : In shearch of the Miraculous ! 

Quoi de plus beau pour Pré-Bouzié, partir en mer et se noyer, juste pour se noyer, pas pour mourir peut-être, pour passer... 

 

Pré-Bouzié écrit ceci en 1901 :  

D'Hyppolite est venu Pré-Bouzié, de Pré-Bouzié la mort et de la mort la fantaisie. 

La pipe sert à penser et c'est la mort qui danse dans son foyer. Comme dans les nôtres. 

Alors la mort ici hante l'art, comme pour le rendre à des vivants, en allant de point clé en point clé : abstraction - attraction - brumes - noyades et disque noir encadré. 

Un art des mines, un art charbon aux wagonnets grinçants en attendant le coup de grisou. 

Qui soufflera la lanterne vacillante d'un Pré-Bouzié tantôt mort, tantôt vivant. 

Je suis aussi pour l'art des mines, je veux en avoir l'illusion et tenir en mes mains du charbon.